Le bon poisson I
16 mai 2023Sévères menaces d'extinction chez les poissons sauvages
Les hommes pêchent et mangent du poisson depuis toujours : des prélèvements marins qui laissaient largement aux espèces pêchées le temps de se reproduire.
Mais depuis 50 ans, 7% des espèces de poissons pêchés ont disparu, et pour 70% des espèces restantes, le rythme de la pêche est plus rapide que la capacité des poissons à se reproduire. Résultat : il y a aujourd'hui 11% de poissons sauvages de moins qu'en 1989.
Cette surexploitation est liée à deux phénomènes, en partie liés.
Augmentation de la demande et évolution des méthodes de pêche expliquent la situation
Le premier phénomène, c'est l'augmentation de la population mondiale, ainsi que celle de la demande en poissons des populations. Résultat : la consommation en France a doublé (toujours depuis 50 ans) et la consommation dans le monde a triplé.
Le second phénomène, c'est le développement de la pêche industrielle, qui provoque d'énormes pertes. De gigantesques navires-usines, qui brûlent quantité de carburant, prélèvent partout tout ce qu'ils trouvent, puis trient les poissons à consommer et les autres, qu'ils transforment en farines animales destinées aux animaux domestiques ou d'élevage (souvent pour des poissons d'aquaculture). Ce faisant, ils menacent directement la durabilité des espèces de poissons que nous mangeons, mais aussi, indirectement, celle de toutes les espèces de poissons, qui ne trouvent plus suffisamment à manger.
Dans ce contexte, les pays ont beaucoup de mal à préserver les ressources par la règlementation, car les pêcheurs industriels, pour amortir le coût de leurs bateaux et faire du profit, savent préserver leurs intérêts. Quand il y a une règlementation, elle est difficile à contrôler : on estime que 30% de la pêche mondiale est illégale.
Consommer responsable : pas simple, mais possible
Si l'on souhaite que les pêcheurs traditionnels survivent tout autour de la Terre, et que nos enfants et petits-enfants puissent encore manger du poisson durablement, la responsabilité des consommateurs est appelée à jouer un rôle crucial dès aujourd'hui.
Consommer du poisson sans risque de surexploitation n'est pas facile, car une même espèce peut être préservée à un endroit, et presque disparue à un autre. C'est souvent dû aux méthodes de pêche, c'est à dire à la présence d'une pêche industrielle dans le secteur.
Il est donc difficile de faire une liste définitive des poissons menacés, et des poissons que l'on pourrait consommer les yeux fermés.
D'autant plus que le poisson est saisonnier : hors saison, c'est le moment pour lui de se reproduire, mais cette trêve n'est pas toujours respectée.
Et pour couronner le tout, une étude récente et sérieuse dénonce la sincérité du label MSC, censé indiquer au consommateur le poisson issu d'une pêche durable.
Ainsi, je ne me sers plus du guide WWF de la consommation de poisson, qui est très complexe. En revanche, je suis les recommandations de l'association Bloom, très active sur la question : manger moins de poisson, s'informer sur les méthodes de pêche et les saisons du poisson (ou demander à un poissonnier de confiance), privilégier les circuits courts des pêcheurs artisanaux lorsque c'est possible.
J'ajoute une chose importante : je n'achète pas d'espèces provenant de l'autre bout du monde, notamment parce que ces pêches voyagent souvent en avion (pour la fraicheur).
Sachez enfin que l'approvisionnement en poissons des grandes surfaces est quasiment toujours issu de pêches industrielles. Je boycotte.
La pilule est parfois amère, mais la préservation du poisson sauvage est à ce prix. Nous verrons demain la question des poissons d'élevage.
Dans le schéma ci-dessous, vous trouverez une liste des poissons à éviter.
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