L'élevage permet-il de protéger le poisson sauvage?

Le poisson d'élevage produit la moitié des poissons consommés dans le monde. La très forte croissance du secteur depuis 30 ans est motivée par une importante augmentation de la demande de poissons.

Les fermes aquacoles produisent principalement des saumons, des truites, de la daurade, du bar (loup), du turbot, du thon, de la carpe.

L'aquaculture entend pallier les risques d'extinction des espèces qu'elle élève, dont les effectifs sauvages diminuent dangereusement. C'est malheureusement loin d'être la solution, car, parallèlement, l'élevage de poissons joue un rôle non négligeable sur les menaces d'extinction des espèces, directement et indirectement.

 

La plupart des poissons d'élevage mangent du poisson sauvage

La plupart des poissons produits en aquaculture sont carnivores, c'est d'ailleurs l'une des seules espèces carnivores que l'homme élève pour son alimentation. Ce qui signifie que, pour élever du poisson, il faut pêcher du poisson.

La croissance du secteur aquacole a été possible grâce au développement de la pêche industrielle, et plus précisément de la pêche minotière, qui s'intéresse aux poissons du bas de l'échelle alimentaire. Cette ressource nourrit les poissons d'élevage, situés le plus souvent très loin de la zone de pêche. Elle réduit d'autant la nourriture des poissons sauvage de la zone. Et elle prélève de plus en plus souvent les ressources des petits pêcheurs, qui en dépendent pour vivre, notamment (mais pas seulement) dans le sud du globe. On estime en effet que 90% de la pêche minotière est constituée de poissons que l'homme mange depuis toujours.

 

Des méthodes intensives polluantes

D'autre part, l'aquaculture dite "traditionnelle" (la plus grande part de l'élevage marin et en eau douce) utilise des produits et des méthodes qui menacent les écosystèmes. Des traitements chimiques de désinfection, des antibiotiques, des manipulations génétiques, tous ces procédés permettent de produire une quantité industrielle de poissons dans très peu d'espace, en limitant la mortalité.

Comme il est impossible d'isoler complètement la zone d'élevage de son environnement sauvage, l'élevage menace souvent les écosystèmes alentours. les produits chimiques et les antibiotiques se diluent, des poissons génétiquement modifiés, ou importés, ou prélevés pour nourrir les élevages, viennent perturber la chaîne alimentaire, et peuvent être une cause directe de la réduction de la biodiversité et des menaces sur certains poissons sauvages. Sans parler du désordre des fèces des poissons concentrés, qui polluent tout le secteur.

 

Des solutions existent

Pourtant, des solutions existent. On peut nourrir les poissons avec des protéines végétales issues de plancton ; on peut orienter l'aquaculture vers des espèces non carnivores, comme les différentes sortes de carpes ; on sait, en France, réaliser des élevages aquacoles propres ; on peut encourager l'élevage aquacole biologique : respect du bien-être animal (espace vital, croissance lente), aucun traitement chimique ou antibiotiques, aliments Bio provenant de pêche durable, gestion des déchets.

Vous l'avez compris, le rôle des consommateurs est important : en choisissant des espèces Bio et locales, en mangeant du poisson bien choisi, mais moins souvent.

A nous de jouer !

Le bon poisson II
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